En Février 2019, une première mission réunissant des professionnels de la petite enfance et intervenants auprès d’enfants avec TSA a été organisée à Brazaville, avec l’aide de l’association AMD (Aide Médicale d’Etat).
Brazzaville, La Case Dominique
Dates : 26 octobre – 2 novembre 2019
La Case Dominique est le lieu de nos rencontres à Brazzaville. Cette Case Dominique est une « école spéciale », une école des exclus, ouverte il y a déjà vingt ans suite à « l’action Thalitakoum, » un appel de l’Église au sujet d’enfants déscolarisés et traumatisés. Cette demande faisait suite à la guerre civile en république du Congo qui a mis à la rue un grand nombre d’enfants, dont les plus fragiles. En fait, certains enfants ne pouvaient suivre le cursus formel pour diverses raisons. Aussi, ce qui était un simple centre de détraumatisation et de préparation à la réintégration scolaire est devenue une annexe de l’école spéciale grâce aux encouragements de sœur Marguerite Tiberghin fondatrice de l’école spéciale de Brazzaville.
Cette école a grandi, passant de 35 à 70, à 100, et maintenant 350 enfants pris en charge… Parmi ces enfants, les enseignants et Sœur Ida Pélagie, qui est la responsable de cette école, ont remarqué que parmi l’ensemble de ces enfants, quelques-uns, n’entrent pas dans les apprentissages et présentent des comportements particuliers.
Sœur Ida est religieuse dominicaine, enseignante et chargée de l’encadrement technique des étudiants en psychopathologie à l’université Marien Ngouabi.
Cette année à Brazzaville, Sœur Ida Pélagie et son équipe ont dû faire face à une véritable gageure : nous étions 30 à venir d’autres pays :
– 8 de la République Démocratique du Congo, pays voisin, venus de l’autre rive du fleuve Congo, de Kinsahasa,
– 3 Béninois de Cotonou,
– 4 Ivoiriennes du centre de jour Marguerite Té Bonlé à Abidjan,
– 6 Rwandais
– 9 Français dont un photographe !
– Sans compter l’équipe des sages-femmes, puéricultrice et médecin (environ 8) et toute l’équipe pédagogique de la Case Dominique, une bonne quinzaine. C’est une véritable gageure pour l’hébergement, la restauration, les transports, mais aussi pour l’organisation du travail des 2 formations prévues. Jamais nous n’avons été aussi nombreux !
Un immense MERCI pour l’engagement de toute son école et de sa communauté.
L’association AMD (Aide Médicale et Développement) a subventionné pour partie les voyages et
les hébergements des collègues venus des autres pays d’Afrique.
Les associations représentées par leurs membres sont l’association PREAUT, Zangayto (Congo-
France), Autisme Rwanda, Autisme RDC, 2 ACI (Association Autismes Côte d’Ivoire) et Oasis-
Psy (Bénin) et l’Association des Petites Sœurs Dominicaines (APSDC).
Deux formations étaient au programme : Pédagogie et Périnatalité.
1- Pédagogie
– Côté pédagogie, un travail d’élaboration commune a bien eu lieu, sur le thème annoncé qui était une grille d’élaboration des démarches pédagogiques pour les élèves à besoins spécifiques.
Les observations de séance de classe avec grille d’observation ont permis l’élaboration d’une liste de compétences à partir des programmes officiels de chaque pays et déclinaison des compétences.
La participation a donné lieu à des échanges où tous n’étaient pas d’accord, et c’est ce qui fait la richesse de ce type de travail.
Il est en projet que la Case Dominique devienne un centre de formation et de ressources pour les enseignants du Congo Brazzaville.
– Côté ateliers thérapeutiques, il est apparu que ce type de travail n’est pas encore vraiment investi ni compris dans la plupart des délégations. De ce fait, il y a eu une participation irrégulière, et pas de matériel vidéo (qui avait été demandé en amont), si ce n’est celui apporté par Isabelle Grimaldi (pédopsychiatre de l’hôpital de jour de l’Espace Victor).
Nous devons donc réfléchir à ce qui fait difficulté dans cet aspect de la prise en charge des enfants autistes, et nous améliorer, aussi bien dans la préparation en amont des projets que dans leur réalisation. La question de fond est la suivante : quelle peut être la place de la dimension thérapeutique dans la prise en charge de ces enfants ?
2- Périnatalité
Nous étions très nombreux et c’était un nouveau projet de formation qui faisait suite à des journées sur le développement du bébé que nous avions fait à Abidjan et à Kigali. La nouveauté a été la présentation de la prise en charge en sensorimotricité et en psychomotricité. Cela a intéressé tout le monde.
Des consultations ont été organisées au dispensaire des Sœurs Marin, par Anick (puéricultrice) et Aurélie (psychomotricienne formée en sensori-motricité), centrées sur le développement psychomoteur et sensoriel des bébés, auprès des mères et des bébés. Toutes les équipes ont pu bénéficier de ces consultations et les professionnelles présentes sur les dispensaires ont été très intéressées.
La présentation des apports sur le dépistage et les outils pour repérer les bébés à risque d’autisme et les autres bébés en difficulté a été faite en grand groupe par Dominique Janin Duc. Des aspects très actuels ont été évoqués.
Les visites dans les lieux de consultations mères/bébés a été difficile à organiser.
La rencontre de ce domaine de connaissances pour le groupe des sages-femmes réunies par Sœur Ida a donné lieu à l’élaboration avec elles d’un document pour mettre en place un centre pilote d’accompagnement des équipes de dispensaires.
Périnatalité : Les projets
– Dès janvier 2020, nous avons eu un appel des médecins de RDC intéressés pour structurer la démarche sur le dépistage et l’observation des bébés. Ils vont venir à 7 pour un séjour en France.
Le programme est un séjour de 2 journées à PREAUT, puis 3 semaines à Grenoble dans les différents lieux du CHAI et au CHS de Savoie, ainsi qu’à La Buissonnière (lieu de séjour pour mères et bébés), avec des consultations et une formation aux Thérapies d’Échange de et Développement.
– Sylvane Lévêque, psychomotricienne du CHAI propose une démarche de soin et de recherche :
combiner la grille PREAUT avec une grille de développement psychomoteur (création d’un outil standard) à envoyer aux deux Congos pour devenir une base de travail pour la prochaine mission
– Prochaine mission Kinshasa, en juillet 2020.
3- Consultations
Une troisième dimension a pris de l’importance : les consultations.
Au cours du séjour, des consultations ont été mises en place à la demande de Sœur Ida. C’est un aspect très riche de nos rencontres.
Nous devrions développer cette partie dans nos rencontres, et pour cela y réfléchir en amont :
Prévoir des rendez-vous, organiser les équipes de consultations pluridisciplinaires, prendre le temps faire les retours pour s’enseigner chacun de nos manières de conduire une consultation, savoir ce qu’on en attend, ce qu’en attendent les parents, les équipes, la question de la prise de notes, des dossiers etc.
4-Conteneur
Envoi de matériel scolaire et de livres, de matériel informatique est organisé par un inspecteur de l’Éducation Nationale pour les enfants des écoles du secteur de Brazzaville. Cette action est le résultat de la rencontre en 2017 de l’inspecteur Mr Hyppolite Kihamboula avec son homologue Français.
Sœur Ida Pélagie Louvouandou et Dominique Janin Duc, Grenoble, le 3 février 2020